Scientifiques belges mettent au point un spray nasal contenant du plasma sanguin contre la propagation des virus

Une nouvelle étude de la Croix-Rouge de Belgique – Flandre est publiée dans la revue scientifique eBioMedicine. Il s'agit d'une étude dans laquelle les scientifiques utilisent des gouttes nasales à base de plasma sanguin pour contrer une infection virale aéroportée. Dans cette étude, les tests ont été effectués avec - comme on pouvait s'y attendre - le coronavirus. Plus précisément, c'est du "plasma de convalescence" qui a été administré. C’est du plasma d'un donneur qui a été récemment infecté. Ce plasma contient en effet les anticorps contre le virus en question, qui confèrent aux gouttes nasales leur effet protecteur. "Cette technique est un moyen rapide et efficace de se prémunir contre la prochaine pandémie", explique Hendrik Feys, chercheur en chef au Transfusion Research Center de la Croix-Rouge de Belgique – Flandre. "Après tout, dès que les premiers patients infectés sont guéris, on peut déjà commencer à utiliser leur plasma de convalescence.” Le plasma s'est déjà révélé très efficace lors de tests sur des hamsters. Les chercheurs prennent maintenant les mesures nécessaires pour commencer les tests sur l'homme, sous la forme d'un spray nasal.

À première vue, l'image peut sembler étrange : un chercheur qui introduit un peu de plasma dans le nez d'un hamster à l'aide d'une petite pipette, avant de placer un autre hamster avec COVID-19 à côté de lui. Mais c'est exactement cette recherche qui aboutit aujourd'hui à des résultats prometteurs. Il s'avère en effet que le premier hamster est très bien protégé contre les infections grâce au "plasma de convalescence" qu'il a dans le nez.

“Lorsqu'une personne subit une infection, elle développe des anticorps. Et ces anticorps se trouvent dans le composant liquide de notre sang : le plasma. Le plasma de convalescence est donc le plasma sanguin d'un donneur qui a récemment été infecté par un certain virus. Cette recherche portait spécifiquement sur le plasma de convalescence COVID-19, qui montre aujourd'hui qu'il offre une très bonne protection contre l'infection par le virus lorsqu'il est administré à une personne non infectée." Hendrik Feys, chercheur en chef au Transfusion Research Center (Croix-Rouge de Belgique – Flandre)

La recherche sur l'effet protecteur du plasma de convalescence n'est pas nouvelle. Depuis des décennies, les scientifiques tentent de l'utiliser pour se prémunir contre toutes sortes de virus. Mais ils se sont presque toujours intéressés à la transfusion de plasma, c'est-à-dire à son administration directe dans la circulation sanguine, chez des patients déjà malades. 

“Les résultats de toutes ces études - comme récemment avec la transfusion de plasma de convalescence COVID-19 - étaient très variables. Alors nous avons fait une réflexion : ne serait-il pas plus efficace d'administrer ce plasma de manière préventive, à l'endroit où le virus tente de pénétrer dans notre corps ? Ainsi, pour les virus qui se propagent principalement par l'air, comme le coronavirus, c'est dans le nez qu'il faut le faire. Cela semble être une bonne stratégie, car les résultats de nos tests avec les gouttes nasales chez les hamsters sont extrêmement prometteurs." Hendrik Feys, chercheur en chef au Transfusion Research Center (Croix-Rouge de Belgique – Flandre)

Il s'agit d'une étude menée par la Croix-Rouge de Belgique – Flandre en collaboration avec l'Institut Rega de la Université KULeuven et l'Agence Flamande pour l'Innovation et l'Entreprise (VLAIO). 

Protection contre la prochaine pandémie 

La Croix-Rouge de Belgique – Flandre prend déjà les mesures nécessaires pour pouvoir bientôt tester sur l'homme un spray nasal à base de plasma de convalescence. Si ces recherches donnent les mêmes résultats, cette nouvelle technique constituera une arme très puissante contre la prochaine pandémie, selon les chercheurs.

“Bien sûr, espérons que nous serons épargnés d’une nouvelle pandémie pour un certain temps encore. Mais si cela devait arriver, ce spray nasal pourrait être une arme très puissante pour nous protéger. Ne vous méprenez pas : il ne faut pas voir cette technique comme une alternative à un vaccin. Mais la mise au point d'un vaccin contre un nouveau virus prend beaucoup de temps. Et avec ce plasma de convalescence, nous pouvons aller beaucoup plus vite et raccourcir cette période de développement. En effet, dès que les premiers patients infectés sont guéris, on peut déjà commencer à utiliser leur plasma. Nous pouvons donc ralentir la propagation rapide du nouveau virus dès la première phase." Hendrik Feys, chercheur en chef au Transfusion Research Center (Croix-Rouge de Belgique – Flandre)

L'utilisation d'un spray nasal avec du plasma de convalescence pourrait d'ailleurs être mise en place de manière accessible presque partout. Parce que le sang - et donc le plasma aussi - est collecté dans le monde entier.